Peut-on faire confiance à un client qui est passé au recouvrement ?

Une facture impayée a nécessité l’intervention d’une société de recouvrement de créance pour être encaissée avec frais et intérêts.

Se pose la question de savoir si on peut toujours faire confiance à ce client si on peut toujours lui livrer de la marchandise en le faisant bénéficier du crédit fournisseur ?

Il est avéré qu’environ 20 à 30 % de ces sociétés déposent le bilan dans les 12 mois.

Le risque avec ce type de clients que votre créance devienne irrécouvrable et doive être passée en “ pertes et profits “ est donc de 20 à 30 fois supérieur à la norme.

En conclusion
– Ne plus livrer ce type de client n’est pas une erreur mais ce n’est pas une obligation.
– Une solution est de demander pour la 1ère commande d’après, un acompte de 30 %, afin de vérifier s’il s’agit d’un incident mineur ou d’un problème bien plus grave.
– Exiger un paiement d’avance de toute la commande n’est pas adapté dans un marché concurrentiel.
– Mais il faut dans tous les cas redoubler de prudence et rechercher tous les renseignements de solvabilité disponibles et à jour.
– Et il est indispensable de traiter ces clients dans un système de relances et de suivi de paiements spécifique.

Pour les clients qui ne payent jamais de petites factures, qui ne paient leurs factures que partiellement ou qui ont besoin de très longs moratoires pour s’acquitter de leur dette une seule règle : oubliez les.

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Comment prévenir les impayés

Le crédit fournisseur représente en France des sommes considérables, on parle d’environ 600 milliards d’euros soit bien plus que le budget de l’Etat.

Disparaitraient en « fumée » plusieurs milliards d’euros par an suite à des créances devenues irrécouvrables.

Pour se protéger contre ce fléau il est indispensable de mettre en place des outils de gestion du risque client.

– Avant et en cours de la livraison des biens ou services commandés la maîtrise du risque consiste à :

o Faire signer un bon de commande par le client celui-ci étant également revêtu duc achet commercial de l’acheteur

o Prendre un renseignement de solvabilité

o Faire signer un bon de livraison par le destinataire en n’oubliant pas de demander au transporteur que le bon de livraison soit revêtu du cachet commercial du destinataire.

– Le jour de l’échéance et si la facture n’est pas payée il est impératif de contacter téléphoniquement le client.

– 30 jours après l’échéance il devient indispensable de transférer le dossier à un professionnel du recouvrement. Le délai exact pour agir « au contentieux » dépendra de la qualité du renseignement de solvabilité obtenu.

– Les procédures sont en règle générale rapides et efficaces sauf à l’encontre des clients qui entretemps déposent le bilan.

– Un arbitrage entre le chiffre d’affaires et la rentabilité de la commande obtenue est indispensable. Il ne fait pas de sens de livrer des clients qui malgré les promesses du service commercial ruinent votre marge en payant avec un retard considérable ou vous obligent à exposer des frais de recouvrement pour que vous obteniez ce qui vous est dû.

Le recouvrement des créances commerciales en France

A part quelques exceptions telles que le transport, la prescription des créances commerciales est de 5 ans en droit français.

Le recours aux procédures judiciaires est simple, relativement bon marché et efficace.

Sauf insolvabilité notoire dans la quasi-totalité des procédures initiées en matière d’impayé d’une dette commerciale, le créancier va récupérer son argent majoré de dommages et intérêts.

Le seul obstacle ce sont les documents qui doivent prouver la réalité de la créance

– Le bon de commande

– Le bon de livraison

– Les conditions générales de vente

– Les contrats s’ils existent

Pour gagner une procédure judiciaire en France il faut que ces pièces soient en français, signées et revêtues du cachet commercial du client.

Les fournisseurs étrangers sous estiment l’importance de ces documents et du formalisme qui l’accompagne.

Cela reste cependant la moins chère et la plus efficace des méthodes de prévention des impayés en France.

LE RECOUVREMENT EN ITALIE

La prescription légale pour une action judiciaire, en Italie, est de 10 ans, art. 2946 Code Civil.

Quelques exceptions :

– 5 ans pour les créances locatives, les paiements réguliers, droit à la compensation pour dommages et intérêts découlant de la responsabilité non contractuelle.

– 1 an pour les créances des transports, contrat suivi et créances d’assurance.

Dans certains cas, la loi Italienne instaure une prescription présumée avec un délai variant de 6 mois à 3 ans : on estime que le débiteur a payé. Néanmoins une contre preuve sous serment est admise. Si le débiteur prête serment d’un règlement, la loi ne prévoit rien d’autre.
Pour les propriétaires d’hôtels, la prescription des créances d’hébergements est de 6 mois ;
Le droit d’intenter une action judiciaire pour des créances commerciales, concernant de la vente marchandise aux particuliers est de 1 an ;
Le droit des professionnels concernant leurs honoraires est de 3 ans (avocats, inspecteurs, médecins…)
A l’expiration du terme, le recouvrement judiciaire n’est pas préconisé.

Les durées de prescription légales ne peuvent être modifiées contractuellement par les parties. – art.2936 Code Civil –

Le délai de prescription peut être interrompu lorsque le créancier transmet par LRAR ou courriel certifié, un ordre de règlement au débiteur.

Les deux approches justifient la réception par le débiteur de la requête. Dès réception de la demande de paiement, s’ouvre une nouvelle prescription d’un délai identique que précédemment. Le créancier peut solliciter un paiement directement auprès du débiteur ou par le biais d’une tierce personne (société de recouvrement, cabinet d’avocats..) responsable du recouvrement de créance. La prescription peut être interrompue par une reconnaissance de dette du débiteur.

En cas de non-paiement par le débiteur, à réception de la demande de règlement, celui-ci peut être poursuivi juridiquement, lorsque la créance est documentée de preuves (contrat, bons de commandes et de livraisons, factures, échanges écrits…) et si la créance est liquide et exigible. Cette requête doit être adressée au juge territorialement compétent (justice de paix jusqu’à 5000€ et Tribunal au-delà de 5000€) afin qu’il puisse rendre une ordonnance de paiement conformément aux règles prévues par les articles 633 et suivants du Code de Procédure Civile. Le juge dispose de 30 jours pour statuer. Une fois rendue, le créancier doit signifier l’ordonnance au débiteur dans les 60 jours.

Avec le décret, le juge doit ordonner au débiteur de régler sous 40 jours.

A défaut d’opposition formulée par le débiteur dans les 40 jours, l’ordonnance devient exécutoire et il est possible de passer à l’exécution forcée : saisies bancaires ou mobilières.

Un titre exécutoire émis en vertus d’une lettre de changes ou de chèques, permet d’avoir recours à l’exécution forcée sans délai après signification.

Si le recouvrement d’une créance supérieure à 30 000 €, n’a pas abouti, il est conseillé au créancier d’assigner son débiteur en liquidation judiciaire.

En France de nouvelles dispositions vont avoir une influence sur les paiements de vos clients

Les renseignements de solvabilité : alors que la règle était la publication des informations financières des entreprises, il est maintenant possible pour les sociétés de moins de 8 millions € de chiffre d’affaires et avec moins de 51 employés de ne plus publier leurs comptes. C’est à notre sens une très mauvaise décision de nature à favoriser les mauvais payeurs.

Les paiements par chèque : la validité du chèque une fois qu’il a été émis a été réduite de 12 à 6 mois. Cette évolution n’est pas anodine si l’on sait qu’en moyenne chaque français émet 37 chèques par an. C’est 100 fois plus que les allemands.

Les jugements en matière de paiement : pour réduire l’engorgement des Tribunaux et pour les dettes de faible montant il sera possible de faire établir un jugement par un huissier de justice sans passer par un Tribunal. Les modalités pratiques de cette nouvelle procédure ne sont pas encore toutes connues. Cette évolution existe dans d’autres pays européens en Croatie par exemple ce sont les notaires qui remplacent les Tribunaux en cas de problèmes de paiement.